Cet outil en silex servait à couper les épis de céréales en laissant la paille sur pied.

Les encoches latérales étaient utilisées pour l’emmanchement de l’outil.

Il apparaît à la fin du néolithique (vers - 3000 BC).

Les deux spécimens de scies à encoches sont en silex du Turonien supérieur de la région du Grand Pressigny .

Ils proviennent de la commune d'Abilly sur le lieu- dit "le Petit Paulmy" bien connu pour les nombreuses industries recueillies depuis le 19e siècle , ainsi que par le remarquable chantier de fouilles visitable sur le site.
Les ateliers de la région Pressignienne débutent la production de ces scies (ou racloirs à encoches) aux alentours de 2850 BC, elles seront produites en nombre jusque vers 2600 BC.

Ces scies/racloirs ont été exportés dans plusieurs régions de France, jusqu'en Suisse.
On les rencontre régulièrement dans les habitats néolithiques finals du bassin Parisien, fabriqué en silex local et aussi dans les sépultures mégalithiques, comme dans celle d'Argenteuil (Tarrête, 1977).

Ces artefacts sont manufacturés sur les éclats ou sur lames de silex .Le "racloir" ou "scie à encoches" fait son apparition en simultané avec la traction animale vers 3100 BC.

La traction et l'araire engendrent des sillons croisés et ainsi une densité plus importante des épis de céréales.
On utilise alors les scies à encoches pour "érusser"', (couper les épis entiers en laissant les tiges et les mauvaises herbes).

Les exemplaires provenant du Lac de Paladru (Charavines, Isère), ont fait l'objet d'une étude tracéologiques, qui confirme l'usage comme "couteau a moissonné".

Diverses traces d'emmanchements sont reconnues: reste de goudron de bouleau et lustré laissé par une matière souple comme le cuir . (Bocquet, 1987)

Dans le sud de la France, les couteaux/scies à encoches ne sont pas totalement absents . Ces pièces typiques le l'âge du cuivre méridional, sont fabriquées sur des éclats de quartzite et sont relativement abondantes en région toulousaine .

Des comparaisons ethnographiques ont été effectuées avec des peuples qui utilisent encore ce type d’outil.​

Je profite de cet article pour présenter un superbe exemplaire normand avec l'aimable autorisation de mon collègue et ami François Petit.

Scie à encoches normande

"Elles sont presque rares en Seine-Maritime où celle-ci fut trouvée dans un contexte néolithique (près de Auvilliers). Taillée dans un joli silex local gris nuancé, la qualité de son tranchant convexe est remarquable. Cet outil à moissonner de la fin du néolithique présente bien sûr deux encoches destinées à y fixer un encordement facilitant la préhension."

Coll. François Petit L 7,4 cmx l 5,5 cmx 1,2 cm

Pour produire de longues lames de pierre, les hommes du néolithique final (2800 à 2450 BC) ont exploité le silex turonien de la région du Grand Pressigny en Indre-et-Loire.
Ils utilisaient une technique de débitage très proche de la méthode Levallois qu'utilisaient les néandertaliens au paléolithique moyen .
Cette technique consiste à préparer soigneusement un bloc de silex afin de débiter des éclats qui ont une forme prédéterminée .
Une fois les lames extraites du bloc de matières premières par pression, chaque lame ou éclat détaché laissent sur le nucléus une empreinte appelée négatif d’enlèvement.
Le bloc/ nucléus est alors abandonné par les artisans néolithiques et s'appelle " livre de beurre" par analogie avec la forme des mottes de beurre produites au 19e siècle .

Des milliers de longues lames ont été produite en Touraine et diffusées dans toute l'Europe.
On pense qu'il s'agissait probablement de bien de prestige socialement valorisant.
La couleur du silex de Touraine pouvait rappeler les poignards de métal encore très rare à cette époque.